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A lire la lettre n du peal 4LETTRE N° 45 : 15/03/2023 - MOTS D'ORDRE ET ENVIRONNEMENT

Point de vue

Une loi de 2004 a séparé l’exploitation et la maintenance du réseau de transport d’électricité français en instaurant une scission entre d’un côté EDF (Électricité de France) et de l’autre RTE (Réseau de transport d’électricité). À la fin de l’année 2022, RTE a mis en place un dispositif appelé « écowatt » qui se veut la « météo de l’électricité pour une consommation plus responsable ». Pour cela, une application mobile permet de recevoir directement sur son smartphone une notification. Dès lors, il est possible de savoir, en temps réel, si la consommation dans l’Hexagone est élevée, de connaître les écogestes à adapter et de s’abonner à une alerte coupure. Pourtant, au-delà de ce terme « éco » qui, de nos jours, est employé à bien des sauces (écoconstruction, écotourisme, écocitoyen, écoresponsable, et l’on en passe), voilà une initiative de télécommunication qui pose quelques interrogations.

On considère généralement que la consommation électrique d’un téléphone mobile et particulièrement d’un smartphone est très faible, voire presque nulle. À première vue, cela semble exact, puisque ce type d’appareil ne consomme en soi qu’environ 3,5 kWh par an pour un coût total de 4,5 euros. Une ampoule allumée semble être beaucoup plus gourmande en énergie. Sauf que ces simples données relèvent d’illusions, voire d’inexactitudes. Ainsi, comme le relevait Alain Gras, dans son livre Le Choix du feu, il existe une « nouvelle forme d’hypocrisie sociale, celle du camouflage des effets pervers du développement technologique ». Il faut alors revenir sur quelques détails.

En 2021, 95 % de la population française de plus de 15 ans disposaient d’un téléphone portable et 77 % possédaient un smartphone. Ce dernier pourcentage, qui n’est en rien négligeable, correspond à environ 40 millions d’utilisateurs. Imaginons que tous se servent de leur appareil au même moment pour consulter les multiples applications qui existent, et notamment « écowatt ». Il en résulterait des effets cumulatifs assez significatifs, car il ne suffit pas d’entrevoir la seule consommation du portable lui-même. Il est nécessaire de tenir compte aussi de tout un système qui permet de le faire fonctionner. D’une part, il ne faut pas oublier la production globale d’énergie (wifi et Internet) qui est nécessaire. En effet, un smartphone n’est utile (et utilisable) que s’il existe d’immenses réseaux de télécommunication et d’électricité, mais aussi des serveurs qui tournent à plein régime vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans des salles spéciales climatisées (pour ce type d’installation, l’énergie dévolue représente environ 3 % de la consommation mondiale). En définitive, un smartphone consomme réellement 388 kWh par an, ce qui s’avère plus important, par comparaison, qu’un réfrigérateur avec ses 322 kWh. D’autre part, il faut rappeler que ces appareils sont changés, en moyenne, tous les deux ans, via une industrie gloutonne et polluante, tant pour leur production que pour les déchets qu’ils génèrent. D’ailleurs, une étude de Greenpeace montrait que, pour fabriquer les sept milliards d’appareils mobiles en service dans le monde, l’industrie a consommé 968 milliards de kWh, ce qui correspond à la consommation électrique d’un pays comme la Belgique sur une période de onze années.

En définitive, on se retrouve face à un curieux paradoxe. Par l’intermédiaire de ces divers appareils de communication, on souhaite réduire la consommation énergétique tout en consommant plus d’énergie. Pour le dire d’une tout autre manière, et par analogie, c’est un serpent qui se mord la queue, mais qui est aussi en passe de se dévorer totalement.

 

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DE L'ASSOCIATION
PEAL

Chargée d’étude :
Corinne Berger
: Juriste

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Nathalie Chabaud :         Psychologue
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Jean-Luc Roques :         Sociologue
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Catherine Meyer (USA) : Linguiste

 

              NOUVEAU  LIVRE          

L appropriation de l air couverture 1Corinne Berger, Jean-Luc Roques

  L'APPROPRIATION DE L'AIR 
 …Ses causes et ses conséquences 

Préface de François Féral

Est-il possible de s’approprier l’air ? En répondant par l’affirmative à cette question, ce livre montre comment se concrétise une telle captation.
Les données indiquent que l’air est malmené. Le monde reste en attente, alors que la situation est dramatique. Quelles sont alors les conséquences d’une telle inertie ?
D’abord, en insistant sur sa rareté, l’air est transformé en objet marchand. Il devient objet de convoitise, pour les marchés boursiers, les industries. La phobie du mauvais air implique aussi de s’en protéger. L’air sain devient source d’accaparement commercial, à travers la publicité. Mais, il ne faut pas omettre la récupération qu’en font les doctrines identitaires.
L’air, ainsi dégradé, génère des phénomènes d’appropriation qui ne présagent rien de bon pour l’avenir.

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Projets et Etudes en Atelier Local (PEAL) 
9 rue Benjamin Franklin 66000 Perpignan Courriel

Créée en 1992 avec pour objet de réaliser des études en sciences sociales et humaines, l’association (Projet et Étude en Atelier Local) adopte le principe de travailler systématiquement par ateliers de réflexions.
Soucieuse des questions liées à l’environnement, elle concentre aujourd’hui toute son action autour de cette thématique.
 

Tout le monde semble d’accord sur le fait qu’il est impératif de préserver les milieux et les espaces, tout en laissant la pollution des sols gagner du terrain. Tout le monde semble d’accord pour promouvoir des mesures en matière d’urbanisme, tout en laissant faire le marché de l’immobilier.
Tout le monde semble soucieux de garantir la santé des populations contre la dégradation atmosphérique, tout en fermant les yeux sur les industries polluantes. Tout le monde s’accorde pour affirmer qu’il faut transformer les choses, sans véritablement vouloir les modifier. 

Dans ce contexte, des voix s’élèvent pour envisager de considérer l’environnement et ses composants comme devant relever du patrimoine mondial. Mais dans le même temps, les territoires, nationaux, régionaux ou locaux, revendiquent la gestion unilatérale de leurs espaces. Toutes les actions semblent alors buter sur un ordre territorial qui se veut tout-puissant. On voit avec stupeur que, malgré les divers appels et certaines prises de conscience, rien ne semble changer. 

La situation continue à empirer lentement mais sûrement. On peut être agacé par ces contradictions, mais les faits sont là bien présents, face à nous. Tout le monde se met des œillères et évite d’envisager le pire. Ceux qui le peuvent se referment sur un quant-à-soi, un espace propre et sécurisant. Ainsi, comme l’écrit Lascoumes avec grande clairvoyance « Dans les représentations communes, l’environnement est réduit à une notion égoïste et appropriative qui ne traite que de l’espace de vie immédiat en ramenant tout à lui ». Tout le monde s’intéresse alors à ce qui l’environne, mais en aucun
cas à l’environnement.

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